"La Photo"
Ce doux visage aux yeux de chat
Cette petite Fille qui a quinze mois
Couronne de tulle blanc sur sa tête
Sur ses cheveux, belle, elle reflète
Son regard candide est confiant
Et serein comme tous les enfants
Elle, aux yeux verts de porcelaine
Ne connaît pas le temps, les peines
Sourit, fixant à quelques pas
Sa maman était bien là,
Ce petit Ange c’était Moi
Soixante dix ans passés déjà
De temps en temps la retrouvant
Mon cœur a mal la revoyant
Au vieux tiroir, jaunie du temps
Mes deux mains la tienne, en serrant
Quelle peine pour l’enfant que j’étais...
Croyant en tout et rassurée...
En fixant son regard, je pleure
Et je lui parle avec mon cœur
Toutes nos douleurs parcourues
D’Amour, ballottées, et vécues ...
Ensemble un jour, oui nous vaincrons
Ce triste temps nous l’oublierons
Je la replace dans le tiroir ...
Même si dedans il fait si noir...
Mes larmes coulent dans le couloir
Aux creux sillons du "désespoir"
Mais comme la pluie elles ruissellent
Et sur mes joues fanées elles perlent ...
Et elles continuent à couler
Pour la Candeur de ce Bébé,
Et qui était alors aimée
De sa maman, qui l'a quittée
Cet amour à jamais perdu
Et pourtant elle a bien rendu
A ses enfants devenus grands
Aux horizons d'autres versants
Elle ne s’attendait pas à ça
Croyant en tout, sauf à cela
D'avoir aimé tout ce temps-là
Être oubliée pour qui, pourquoi?
Prostrée devant l’indifférence,
Désolation de négligences,
Se prendre pour le nombril sur terre,
Et feindre dans les prières
Accordez lui quelques sourires
Un temps d'arrêt pour ses soupirs
Vous qui êtes si adulés,
Si égoïstes et imparfaits
Tous ces baisers qu’elle a donné,
Ses mots de velours enrobés,
Car un peu d’Amour à mon âge,
De complicités en partage,
Mais qu'est-ce donc cette inconscience,
Vous qui vous prenez pour des anges
Ces plus belles années de ma vie,
Jetées dans la mer de l'oubli
Levez vos yeux si vous osez
Et regardez les miens pleurer
Tournez la tête !!! Je suis là !!!
Pour ce regard de mes quinze mois,
Pour tous mes soixante dix ans passés
Ne les gâchez pas à jamais
Mais parlez moi, vous m'entendez?
J'ai besoin encore d'être aimée
Et cette Photo vous la voyez
Comment trouvez-vous ce bébé?
C'est votre maman cette enfant !!!
Et tout à coup, à ce moment ...
Mais je rêve !!! Car je vous vois !!!
Attendris et pleins d’émois,
Devant cette photo jaunie
Et m'enlaçant, vous avez compris
Votre regard droit dans mes yeux
Sans dire mots êtes malheureux
Et à leur tour, vos yeux rougissent
Vos larmes chassent mon supplice
Depuis ce jour, je dis merci
Quand y a la vie rien n'est fini
Était-ce de la désinvolture
Mais finit bien mon aventure
Vous qui êtes "Enfants de l'Amour"
N'attendant plus jusqu'à ce jour
Qu'à nouveau viendriez à ma table
Oui, l'Amour peut faire miracles
Que je vois comme un tabernacle
Qui avec nous fête le Sacre
Liliane...
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