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" Estivale"

 

Un jour, dans le jardin, l'oeillet dit à la rose:
J
'ai beaucoup, sachez le, à me plaindre de vous.
"Vous me faites grand tort, et permettez que j'ose
Vous dire les raisons de mon juste cou
rroux.

 

Votre puissant parfum me donne des complexes.
Il est si pénétrant qu'on ne sent plus le mien.
Tout le monde m'ignore, et ce dédain me vexe.
C'est à cause de vous que je ne suis plus rien.

 

 

 Près de moi jamais plus les enfants ne s'arrêtent.

C'est vers vous, chaque jour, qu'ils conduisent leurs pas.
Je suis si malheureux que je n'ai plus ma tête.
Si cela continue, je n'y survivrai pas".

  

 

"Mais mon petit ami, lui rétorqua la rose.

De quoi vous plaignez-vous? Vous n'êtes qu'un oeillet!
Je suis reine des fleurs, et telle je dispose.
Vous n'êtes après tout que l'un de mes sujets.

 

 

Allez porter ailleurs votre méchante mine.
Prenez garde à ne pas aviver mon courroux.
Sinon, craignez le feu de mes longues épines,
Bien faites pour punir les fâcheux comme vous".

 

 

L'oeillet pleura longtemps. Mais à l'aube suivante,
Alors que la rosée se mêlait à ses pleurs,
Il n'en crut pas ses yeux, car brisée, pantelante,
Toute nue à ses pieds gisait la reine fleur.

 

 

Un coup de vent avait dépouillé l'orgueilleuse,
Ses pétales en sang, empourpraient le gazon,
Et l'oeillet  généreux, plaignant la malheureuse,
A la reine déchue accorda son pardon

 

 

Le jardin sommeillait au soleil triomphant.
Dans le bourdonnement des abeilles en fête,
On entendit la voix légère d'un enfant:
"Maman ,comme il sent bon, cet oeillet de poète".

 

 

 

"Juillet"

 

 Au jardin, assoiffée, la capucine baille.
Dans le coeur d'une rose une abeille s'endort.
A la claire fontaine, un geai  s'abreuve encor.
La glycine est au bleu sur la vieille muraille.

 

 

Dans le ciel de juillet il n'est pas un nuage.
Le bourg fait le gros dos et lézarde au soleil.
Calme, à peine ridée, l'Indre aux reflets vermeils
Dans la fraîcheur du lit berce ses fleurs sauvages.

 

 

Phébus darde ses feux sur les bois et les champs.
Les maisons de la rive ont fermé leurs volets.
L'arbre ne frémit plus, la colombe se tait.
Ils ne s'animeront qu'à l'heure du couchant.

 

 

La plage a déployé ses rouges parasols.
L'enfant s'est endormi sur son livre d'images,
Alors que resplendit là-bas,près du rivage,
L'éclatante blondeur d'un champ de tournesols.

 

 

              Heureux jours de l'été,
              Sous le ciel de Touraine,
              Jours de beauté sereine
                   Et de félicité.

 

 

 

"Pèlerinage"

 

Tôt levée ce matin, j'ai gravi la colline
Où tu m'as dit un jour:"Il faudra m'oublier".
Pas à pas j'ai suivi le sentier qui chemine
Parmi les mimosas et les genévriers.

 

 Les cigales, au loin, faisaient vibrer leurs ailes.
Je humais les senteurs du fenouil et du thym.
J'étais pure, innocente ainsi que jouvencelle,
Mon coeur enfin guéri ne désirait plus rien.

 

 

Là-bas la mer berçait une voile esseulée.
Un nuage égaré s'étirait au levant.
Près du port endormi, au bout de la jetée,
Les mouettes dansaient, jouaient avec le vent

 

 

Il était tout à moi, le noble paysage.
Je pouvais du regard l'embrasser tout entier.
Comme au premier matin de mon pèlerinage,
J'en emplissais mes yeux, jamais rassasiés.

 

 

Je partirai demain pour un autre voyage.
Mais mon coeur apaisé ne sera jamais loin,
Puisque près des remparts du paisible village,
Je sais que tu es là, endormi sous les pins.

 

 

 

 

Soir  D'été

 

 Il va se brûler les ailes,
Le papillon mordoré
Qui danse dans la tonnelle

Autour du globe doré

 

Se sont endormies, les roses trémières.
L'eden odorant cache ses trésors.
Ebloui, grisé, ivre de lumière,
Le bel imprudent tourbillonne encor.

 

Au bord de l'étang, qui dort à la brune,
Les saules pleureurs bruissent doucement.
Ecrin de velours au croissant de lune,
L'azur étoilé peint ses diamants

 

Généreux été, merveilleuse offrande,
Nirvana du corps sevré de désirs.
Enfin apaisé, le coeur ne demande
Qu'à se souvenir des nobles plaisirs.

 

Quand aux premiers temps de notre naissance,
Chaque aube nouvelle était un cadeau.
Quand dans les années de la connaissance,
La vie s'écoulait comme frais ruisseau.

 

Il s'en est allé le bonheur fugace.
Soudain mon destin te fut étranger.
Personne depuis n'occupe ta place
Sur le banc de bois, près de l'oranger.

 

L'ombre peu à peu gagne toute chose,
Fait de mon jardin un monde irréel.
Au couchant, là-bas, des nuages roses,
Avant de sombrer embrasent le ciel.

 

La nuit tout à coup étreint la tonnelle
Que le papillon vient de déserter.
Le bel imprudent s'est brûlé les ailes,
Comme je l'ai fait, un beau soir d'été.

 

Renée   Jeanne  Mignard

 

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