"Spéciale Tendresse"

Renée Jeanne Mignard

 

 "Toi ma Soeur"

 

Malgré les différences,
Les hasards de la vie,
Tu fus, dès notre enfance,
Ma plus fidèle amie.

 

Au temps des doux émois et des premiers caprices,
Penchées sur nos devoirs ou partageant nos jeux,
Nous avons toutes deux toujours été complices.
Tu parlais par ma voix, je voyais par tes yeux.

 

Dans les balbutiements de notre adolescence,
Que troublèrent longtemps le bruit et la fureur,
Nous eûmes en commun les mêmes réticences,
Nous avons éprouvé les mêmes coups de coeur.

 

A la fin du conflit, quand revint le silence,
Chacune s'en alla vers son propre destin.
Je me souviens encor de cette peine intense
Lorsque tu t'envolas vers ce pays lointain.

 

J'ai renoué le fil grâce aux nombreux voyages
Que j'eus le grand bonheur d'effectuer là-bas.
Mais à présent c'est toi qui boucles tes bagages
Pour venir chaque année me serrer dans tes bras.

 

Nous avons comme avant nos crises de fou rire,
Qui nous font chaque fois pouffer au même instant.
Notre joie est alors impossible à décrire,
Il n'y a qu'avec toi que je m'amuse autant.

 

Que de saisons enfuies depuis notre jeunesse.
Dans son grand sablier s'est écoulé le temps.
Mais nous goûtons toujours au miel de la tendresse
Qui fait vivre en nos coeurs un éternel printemps.

 

Dès notre prime enfance,
Tout au long de la vie,
Malgré nos différences,
Tu fus ma seule amie.

 

Renée Jeanne Mignard

 

  

"Ce que je Vois"

 

 

Dans tes yeux, mon ami, je vois
Des ciels, des brumes, des éclairs,
Je vois les vagues de la mer,
Des orages de perles d’eau.

 

Dans tes mains, mon ami, je vois
L’humilité, le don de soi,
Je vois le signe de la croix
Et des caresses en cadeau.

 

Dans ton corps, mon ami, je vois
La somme de tous mes désirs,
Tout un océan de plaisirs
Qui met des frissons sur ma peau.

 

Dans ton cœur, mon ami, je vois
La source vive de l’amour,
Le bonheur simple de nos jours,
Le respect de ce qui est beau.

 

Pourtant, je vois bien mon ami
Que je ne te sais qu’à demi.
Malgré ce que tu me permets,
Cachés en ton jardin secret,
Il est des remords, des regrets
Que je ne connaîtrai jamais.

 

Renée Jeanne Mignard

 

"L’Ado Adorable"

 

Chaque jour mon petit voisin
Qu’il y a treize ans j’ai vu naître,
Frappe au carreau de ma fenêtre
Tout sourire dès le matin.
Veut savoir si j’ai bien dormi,
Complimente ma bonne mine,
Fait trois petits tours, me taquine…
Il est si gentil, c’est permis.

 

La demeure de ses parents
Est toute proche de la mienne.
Une simple haie de troènes
Les sépare en faisant écran.
Printemps, été, automne, hiver,
Pour échapper à leur étreinte,
Son corps a laissé son empreinte
Au creux des arbres toujours verts.

 

En avril il me fait cadeau
Le jour de mon anniversaire
D’un bouquet de fleurs de bruyère,
Qu’il a cueilli près du ruisseau.
Dans les premiers jours de l’été,
La famille part en vacances.
Ah ! Comme le poids de l’absence
Pèse sur mon cœur attristé.

 

Mais quand il revient tout bronzé,
Qu’il vient frapper à ma fenêtre,
Une immense joie me pénètre,
Et berce mon cœur apaisé.
Quand scintillant de mille feux,
Le sapin de Noël se dresse,
Je me nourris de la tendresse
Que je peux lire dans ses yeux.

 

Ton amitié est un trésor
Dont je peux jouir à l’extrême.
Qu’il est doux ce don de toi-même.
Charmant enfant, merci encor.

 

Renée Jeanne Mignard

 

"Hier"

 

Il y avait l’émoi de nos jeunes printemps,
Quand nous avions juré de nous aimer toujours,
D’un amour éternel qui défierait le temps.
Il y avait nous deux, plus épris chaque jour.

 

Il y avait tes bras pour m’y pelotonner,
La chaleur de ton corps qui dormait près du mien,
L’air que chaque matin tu aimais fredonner,
Il y avait ta voix, la douceur de tes mains.

 

Il y avait l’été, les jours de plein soleil,
La grande maison blanche en haut de la colline,
La plage au sable fin sitôt notre réveil,
Il y avait la mer, accueillante et câline.

 

Il y avait l’automne et les cris des mouettes
Quand elles retrouvaient la plage abandonnée.
Dans le calme du soir, en un  doux tête-à-tête,
Il y avait nous deux près de la cheminée.

 

Puis il y eut l’hiver, saison triste entre toutes
Qui te vit un matin me dire ton adieu.
C’est ainsi que soudain s’arrêta notre route,
Il y eut le chagrin, la brume dans mes yeux.

 

Il y aura toujours, malgré le lourd silence
Le souvenir de toi dans la grande maison.
Même si chaque jour je pleure ton absence,
Il y aura nous deux tout au long des saisons

 

Renée Jeanne Mignard

 

"Tu es Là"

Photo de Renée Jeanne Mignard

 

Tu n’es pas près de moi,
Pourtant tu es partout...

 

Dans le ciel pur de l’aube claire,
Le vol gracieux de l’oiseau,
Le doux gazouillis du ruisseau,
Tu es là.

 

Dans la caresse de la pluie,
Le soleil d’un matin de juin,
Les frais ombrages du jardin,
Tu es là.


Dans la blancheur de la colombe,
Le cri de l’alouette au champ,
La splendeur d’un soleil couchant,
Tu es là.

 

Dans la fleur pleurant sa rosée,
Le chêne protégeant le nid,
La voûte étoilée de la nuit,
 Tu es là.
 

Dans le calme de la rivière,
Les épis dorés de juillet,
La senteur poivrée de l’œillet,
Tu es là.

 

Dans la magie d’un clair de lune,
Le livre effeuillé trop souvent,
La troublante plainte du vent,
  Tu es là.

 

Dans le sommeil de la nature,
Les feuilles du bouleau défunt,
La rose exhalant son parfum
Tu es là.

 

Tu n’es pas près de moi,
Pourtant tu es partout...

 

Renée Jeanne Mignard

 

"Quête"

 

 

Combien faut-il de temps, dans une courte vie,
Pour cueillir le bonheur qui embellit les jours ?
Si se meurt en été la rose épanouie,
Il est bien des printemps au jardin de l’amour.

 

Combien faut-il de temps pour que sombre une étoile,
Voilier d’or dérivant dans l’espace infini ?
Elle s’évanouit quand l’aube se dévoile,
Pour renaître et briller au velours de la nuit.

 

Combien faut-il de temps pour oublier les pleurs
De la blanche colombe au céleste rameau ?
Il faut de la rosée pour que naisse une fleur,
Les larmes de la pluie pour abreuver l’oiseau.

 

Combien de temps faut-il pour qu’enfin la tendresse
Assagisse deux cœurs liés par leurs tourments?
Dans l’âpre passion, il n’est point de sagesse.
C’est un feu dévorant, un fol embrasement.

 

Dans combien de saisons germera l’espérance
Dans un monde apaisé dormant sur ses lauriers ?
Si l’averse d’avril fait lever la semence,
Il faut bien des soleils pour mûrir l’olivier.

 

Combien de temps encor l’eau vive de la source
Ira-t-elle se perdre dans l’immensité?
Jamais rien ici-bas n’entravera sa course.
Elle a plus qu’une vie, elle a l’éternité.

 

Photo de Pierre Coutreau

 

Renée Jeanne Mignard

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