"Derniers matins d'hiver" Aquarelle de Kathy Ferré
http://kathy.blog4ever.com/blog/index-16057.html
*La rebelle*
Ah ! Plaignez mon destin, car ma muse stérile
Ne m’inspire plus rien. Insolente, indocile,
N’en faisant qu’à son gré, rebelle en ma demeure,
Rentre lorsque je sors, chante lorsque je pleure,
Veut aller faire un tour à l’heure du coucher,
Vient se remettre au lit quand je voudrais marcher,
Se moque éperdument de ce que je désire,
M’énerve en ce moment plus que je ne puis dire.
Sa conduite par trop méchante, détestable,
Me rend à chaque instant la vie insupportable,
Et lorsque quelquefois j’ose me lamenter,
Elle me rit au nez, pour mieux me tourmenter.
Après tout, me dit-elle, tu l’as écrit, ton livre,
Et c’est bien grâce à moi, alors laisse-moi vivre !
Après ce dur labeur, ces longs mois studieux,
J’ai bien le droit de rire, et de souffler un peu.
Alors, que voulez-vous à ça que je réponde ?
Oui, d’accord, je sais bien que la face du monde
Ne sera pas changée si je ne rime pas.
Ce n’est pas la raison. Ce n’est pas pour cela
Que j’en veux à ma muse et lui cherche querelle.
C’est parce que les jours sont bien vides sans elle.
Que j’ai la nostalgie de l’humeur poétique,
Et que me manquent tant les vers et leur musique.
Mais depuis ce matin, j’ai retrouvé l’espoir,
Car ma muse au jardin est revenue s’asseoir
Tout à côté de moi, pour une douce pause.
Contemplant toutes deux l’abeille qui se pose,
Vole de fleur en fleur pour nous donner son miel,
Les arbres frémissants, le bleu profond du ciel,
Nous sommes de nouveau en parfaite harmonie.
Oui, l’orage est passé. Ma muse repentie
Veut, et je le vois bien, se faire pardonner.
Rappelle-toi l’idée que je vais te donner,
Me dit-elle tout bas dans le creux de l’oreille.
Je crois bien que jamais je n’en eus de pareille.
Tu vas vite oublier ma désobéissance.
Tu es prête, ma mie....écoute....je commence.
"La terrasse" aquarelle de Dominique Bovita
http://d.bonavita.creations.site.voila.fr/
Renée Jeanne Mignard
"Mélancolie" aquarelle de Renée Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
*Le poète*
Quand enfin le printemps s’arrime,
Que l’hirondelle est de retour,
Que la nature n’est qu’amour,
Tu chantes.
Quand le plaisir est unanime
Que le bonheur est dans le pré,
Quand l’orient est empourpré,
Tu danses.
Quand le divin soleil s’abîme
Dans la mer au flot argenté,
Que la moisson dore l’été,
Tu rêves
Quand la forêt soudain s’anime,
Lorsque la biche est aux abois,
Quand l’automne reteint les bois,
Tu peins
Quand la neige blanchit les cimes,
Que le gel étreint le ruisseau,
Que l’on célèbre l’an nouveau,
Tu crois.
Quand ne peut s’excuser le crime,
Quand l’innocence est violée,
Que l’enfance est écartelée,
Tu cries
Quand il nous faut payer la dîme,
Lorsque Satan conduit le bal,
Quand dans la vie ça nous fait mal,
Tu pries.
Il est de savantes maximes
Qu’il nous faut souvent méditer.
Mais quand le sort en est jeté,
Tu penses.
Malgré la méchante déprime,
Le bonheur trop tôt disparu,
Le froid dans notre cœur déçu,
Tu espères.
"Danseurs" dessin de Vicenzo
http://kesselring.free.fr/accueil.htm
Renée Jeanne Mignard
"Les saisons" Huile d'Hildegarde Carle
http://sites.rapidus.net/hildeg//
*Le Verger*
Printemps
Oublie qu’il a mauvaise mine,
Ce monde triste et mensonger.
Pour calmer ton humeur chagrine,
Allons faire un tour au verger.
Dans cet univers poétique,
A l’ombre des pommiers en fleurs,
Savourons cet instant magique
Où la nature parle aux cœurs.
Été
Avril a tenu sa promesse
Devant nos yeux émerveillés,
Vois les fruits que le vent caresse
Sur les arbres ensoleillés.
Si demain sanglote la pluie,
Garde-toi de t’en affliger.
Ses larmes sont source de vie
Pour tous les trésors du verger.
Automne
Revient le temps de la cueillette.
Api, calville, châtaignier,
Canada, golden, la reinette,
Tu peux en remplir ton panier.
La troublante ronde des feuilles
Attriste le soir languissant.
Le dernier fruit que tu recueilles
A chu du pommier jaunissant.
Hiver
Quand vient le temps de la froidure,
Lorsque le pommier endeuillé
N’a que les corbeaux pour parure,
Le verger est ensommeillé.
Mais jusqu’à la prochaine sève
Qui ranime les arbres morts,
Comme l’ont fait Adam et Ève,
Croquons la pomme sans remords.
Aquarelle de Claude Chuit
http://www.labandealeo.net
Renée Jeanne Mignard
La tresse blonde...Cécile Verhaever
http://perso.dromadaire.com/Muse_Deesse/aa.html
*Triolets*
Cœur en peine
A l’eau de la claire fontaine,
Marion lave ses cheveux.
Ses gestes sont si gracieux
A l’eau de la claire fontaine.
Pourtant dans son cœur, que de peine.
L’amour reste sourd à ses vœux.
A l’eau de la claire fontaine,
Marion lave ses cheveux.
L'espoir
J’ai la tête dans les étoiles.
Les pieds sur terre cependant.
Quand amour je vais demandant,
J’ai la tête dans les étoiles.
Lorsque la nuit étend ses voiles,
S’en vient cet espoir obsédant.
J’ai la tête dans les étoiles,
Les pieds sur terre cependant.
Enfin
Le seringa vêtu de blanc
Est couvert de fleurs ce matin.
J’avoue que j’envie son destin
Puisqu’il renaît une fois l’an.
Même si l’hiver va gelant,
Il revit en mai au jardin.
Le seringa vêtu de blanc
Est couvert de fleurs ce matin.
Le seringa de mon jardin
photo de Renée Jeanne Mignard
Renée Jeanne Mignard
"Grisaille" aquarelle de Renée Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
*Désillusion (Sonnet)*
Que j’aime la langueur de la saison d’automne,
Quand la bûche crépite et se meurt au foyer,
Que la pendule moud son tic-tac monotone,
Qu’au serein, dans l’étang, le ciel vient se noyer.
Je reprenais hier la belle promenade
Que nous faisions tous deux au mois de mai dernier,
En écoutant l’oiseau qui me donnait l’aubade,
Je sentis dans mon cœur un élan printanier.
Quand j’étais loin de vous, bel oiseau de passage,
Vous m’aviez dit un jour dans un charmant message,
Je vous revois, amie, rêvant au bord de l’eau.
Pouvais-je supposer, en quittant ma rivière
Pour me donner à vous au cours d’une croisière,
Que vous me mèneriez vous aussi en bateau.
"L'éternité de l'Indre"
Photographie de Renée Jeanne Mignard
Renée Jeanne Mignard
"Le baiser" Oeuvre de Cécile Verhaever
http://perso.dromadaire.com/Muse_Deesse/aa.html
*Amour*
Laisse-moi t’aimer à l’aube nouvelle,
Quand au ciel vermeil naît un autre jour.
Au printemps l’avril fait la partie belle
A qui veut danser au bal de l’amour.
Laisse-moi t’aimer à la moisson blonde,
Quand le vent d’été berce les épis.
Juillet généreux à l’ardeur féconde,
Au cœur des vergers mûrit les apis.
Laisse-moi t’aimer au temps des vendanges,
Quand la grappe d’or nous donne son miel.
L’octobre se vêt de couleurs étranges.
Des nuages lourds attristent le ciel.
Laisse-moi t’aimer aux frimas du givre,
Dentelle de gel brodant les carreaux.
Près du feu de bois qu’il est doux de vivre,
Alors que janvier gèle les ruisseaux.
Ma main dans ta main c’est la joie extrême.
Mon cœur près du tien c’est la pamoison.
Qu’importe si toi tu ne dis de même,
Puisque moi je t’aime à perdre raison.
Laisse-moi t’aimer au gré des saisons.
"Calme d'hiver" huile d'Hildegarde Carle
http://sites.rapidus.net/hildeg/
Renée Jeanne Mignard
"Automne" Aquarelle de Béatrice Moens
http://www.jardindebea.be
*Rondel Automnal*
J’aime les bonheurs de l’automne,
Quand l’octobre met ses velours,
Que sur le chemin des amours,
Le cœur aux regrets s’abandonne.
Près de la maison qui frissonne,
La fontaine coule toujours,
Et la bûche que je tisonne,
Meurt dans l’âtre au déclin des jours.
A la pendule l’heure sonne,
Tic tac rythmant notre parcours.
Pour un rendez-vous au long cours,
Quand sur le seuil ton pas résonne,
J’aime les bonheurs de l’automne.
"Ma rivière l'Indre"
Photographie de Renée Jeanne Mignard
Renée Jeanne Mignard
"Iris" Photographie de Richard Philip
http://richardphilip.com
Au fil du temps
Ami, te souviens-tu de ce jour de printemps
Qui te vit m’enlacer, qui me vit si troublée,
Lorsque dans le jardin, tout émus, cœur battant,
Nous suivions le caprice odorant d’une allée.
Le soleil paressait sur l’or du mimosa.
Tu tremblais, et ta main frémissait dans la mienne.
Doucement, sur le puits, un merle se posa.
La mésange buvait à l’eau de la fontaine.
L’air était vaporeux, quel enivrant parfum.
Les roses embaumaient, flamboyante cascade.
L’hiératique arum au calice défunt
Se mourait lentement dans sa prison de jade.
Ami, te souviens-tu de nos jours de juillet
Quand nous étions bercés par la vague câline,
Que le port au matin, tout à coup s’éveillait,
Que Phébus triomphant embrasait la colline ?
Ami, te souviens-tu de la journée d’automne
Qui te vit t’éloigner, parjure à ton serment ?
L’attrait de l’inconnu, l’oubli de ma personne
T’emportaient loin de moi, irrésistiblement.
Pourtant nous sommes là, près de la cheminée.
Si l’hiver, peu à peu, a blanchi nos cheveux,
Qu’importent les chagrins puisque toute l'année,
J’ai ta main dans ma main, nous sommes tous les deux.
"Brunelle" Photographie de Richard Philip
http://richardphilip.com
Renée Jeanne Mignard
"Fillette à l'arrosoir" Aquarelle de Béatrice Moens
http://www.jardindebea.be
*Haïkus*
Le petit caillou
a mal il a trébuché
sur un ricochet
Dans mon arrosoir
une guêpe s'est noyée
corsage fripé.
Depuis ce matin
la rose est rouge de honte
elle a des boutons.
Le ciel s'assombrit
une étoile s'est pendue
derrière l'étang
Les feuilles d'octobre
trépassent sur le gazon
douce sépulture.
Le doux écureuil
fait provision de noisettes
pour jouer aux dames.
Il pleut sur le toit
la tourterelle gémit
elle sent l'hiver
Le givre dentelle
a brodé sur le carreau
une île au trésor.
Première neige...Aquarelle de Renée Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
Renée Jeanne Mignard
"La rencontre" Sculpture de Vincenzo
http://kesselring.free.fr/accueil.htm
*Fin de saison*
Combien faut –il de mots pour dire que l’on aime ?
Combien faut-il de jours pour vivre son amour ?
Combien faut-il de joies pour y croire soi-même ?
Combien faut-il de pleurs pour donner sans retour ?
Son cœur s’est endormi aux brumes de l’automne
Comme rose se meurt quand le froid la saisit,
Comme feuille jaunie chavire, tourbillonne,
Trépassant sur le sol où le vent la conduit.
Elle s’était donnée jadis avec ivresse
A celui qui disait la combler de bonheur.
Elle ne voulait rien, rien qu'un peu de tendresse,
Un petit peu d’amour pour réchauffer son cœur.
Par un trait du destin fragile, dérisoire,
Les voilà devenus de simples étrangers.
Elle ne rêve plus, elle ne veut plus croire
Aux mots vides de sens, aux propos mensongers.
Elle oubliera l’émoi des premières étreintes,
L’envie de partager de futurs lendemains,
Les chagrins et les pleurs, les doutes et les craintes,
La chaleur de ses bras, la douceur de ses mains.
Elle n'a plus d'espoir pour tenter la survie.
Sa foi dans l'avenir s'envolera bientôt.
Une page se ferme au livre de sa vie.
Elle écrit le mot fin dans un dernier sanglot.
Il faut bien peu de mots pour dire que l’on aime.
Il faut bien peu de jours pour vivre son amour.
Il faut bien peu de joies pour y croire soi-même.
Il faut beaucoup de pleurs pour donner sans retour.
"Septembre sur l'Indre"
Photographie de Renée Jeanne Mignard
Renée Jeanne Mignard
*D'autres Magnifiques Oeuvres*
"Brume matinale" Aquarelle de Renée Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
"Ma rose d'automne"
photographie de Renée Jeanne Mignard
Huile de Jean Geevaert
http://membres.lycos.fr/mespassionspourvous/
Ma gratitude et mes remerciements aux artistes amis qui m'ont permis d'illustrer mes poèmes avec leurs oeuvres.
A toutes et à tous, un baiser amical.
©
Copyright Conception Le Sablier tous droits réservés
Les poèmes de Renée Jeanne Mignard sont la propriété de l'auteur.
Tout usage quel qu'il soit est interdit sans son approbation. Toute
représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’ auteur ou des ayants droit est illicite et
constitue un délit de contrefaçon passible de 3 ans de prison et 300.000
euros d’amende. (Code de la propriété intellectuelle) Loi du 11
mars 1957.
"Source d'amour", la musique qui accompagne cette page est de Michel Pépé...
|