*Contemplation*
"L'Indre" Photo de
Pierre Coutreau
http://pierre.coutreau.free.fr
Je n'oublierai jamais
ce matin de l'avril. Alors que le soleil s'en revenait d'exil, Pour
faire sans témoins ma marche coutumière, J'avais porté mes pas au bord
de la rivière
L'Indre ce matin là
était pailletée d'or. Des lambeaux de brouillard s'effilochaient
encor. S'éveillait peu à peu le petit bois frileux Aux premiers
pépiements des hôtes de ces lieux.
Le coucou plus hardi
risquait un vocalise Les roseaux frémissaient, caressés par la
brise. Les canards régataient avec les poules d'eau. La nature
attendrie disait le renouveau.
Il me semblait alors
être seule en ce monde, Rendant grâces au ciel de pouvoir
prolonger Ces instants de bonheur, d'émotion profonde, Qu'en ce jour
de printemps, je n'ai pu partager.
Je suis restée
longtemps en extase, immobile, Prisonnière du temps et de cette
beauté. Et j'eus le sentiment, en regagnant la ville, Que j'avais
dérobé un peu d'éternité.
"L'Indre" Photo de
Pierre Coutreau
http://pierre.coutreau.free.fr
Renée
Jeanne Mignard
*Escapade*
Aquarelle de Renée
Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
Lorsque je sors ma
bicyclette, Pour m’en aller sur le chemin, Je vais toujours à
l’aveuglette, Au gré du vent, suis libre enfin.
Je laisse ma peine au
vestiaire, Le vide se fait dans mon cœur. Inutile de se
complaire Dans les regrets ou la rancœur.
Je contemple le
paysage. Qu’importent le temps, la saison. Pluie ou soleil sur
mon visage, Hiver, printemps ou fenaison.
Je fais une petite
pause Pour grignoter, boire de l’eau. Je descends, je cueille une
rose L'oiseau pépie sur le bouleau.
Je regarde d’un œil
sensible Les jardins, les arbres, les champs. J’éprouve une joie
indicible Si les merles m’offrent leurs
chants.
Le soir venu, quand sur
la lande, Le ciel pose un voile de deuil, Fatigué mon corps ne
demande, Que le confort d’un bon fauteuil.
Instants bénis de la
veillée, Pensant à ce que je ferai, Je me dis tout
ensommeillée, Au matin je repartirai.
Je sortirai ma
bicyclette, Pour m’en aller sur le chemin. J’irai toujours à
l’aveuglette, Au gré du vent, et libre enfin…
"Geai des chênes"
photo de Jean-Marc Morlon
http://blog.morlon.net
Renée
Jeanne Mignard
***Évasion***
"Sous le bateau de
verre" huile d'Hildegarde Carle
http://sites.rapidus.net/hildeg
Il lui avait offert, en un geste amical Deux
petits poissons d'or nageant dans un bocal. Cela lui avait plu, jusqu'à
leur ménager, Un coin sur le buffet de la salle à manger. Mais
malgré tous les soins qu'elle leur prodiguait, Notre couple
chinois chez elle s'ennuyait
Loin de leur océan et de son
flot berceur Le regret du pays leur déchirait le coeur. Dans
leur aquarium ils avaient peu de place, Et plusieurs fois par jour
montaient à la surface Pour exprimer bien haut leur
mécontentement. Du moins le croyaient-ils, car dites-moi comment, Un
poisson des humains peut-il se faire entendre. Alors, découragés, n'y
tenant plus d'attendre, Et craignant tout de bon de perdre la
raison, Décidèrent enfin de changer d'horizon.
Or donc, le soir
venu, leurs hôtes endormis, Il firent bravement ce qu'ils s'étaient
promis, Sautèrent tous les deux d'un bond sur la carpette, Et
prirent sur le champ la poudre d'escampette. Le voyage fut court, car
miracle étonnant Leur océan est là, devant eux, à l'instant, Ses
flots bleus pailletés scintillant sous la lune. Mais ils ne pouvaient
croire à leur bonne fortune. Il était donc si près, le doux pays
natal? Ah! Qu'ils avaient bien fait de quitter leur bocal. Alors,
fous de bonheur, et ne faisant qu'un saut, Ils prirent leur
élan et sautèrent dans l'eau.
Laquelle n'était pas comme dans leur
mémoire. Mais peu leur importait. Leur petite nageoire Dansait si
joliment dans l'eau tiède et bleutée Que leur prison de verre n'était
pas regrettée. C'est ainsi qu'au matin, en ouvrant leur
persienne, Deux jeunes amoureux qui s'éveillaient à peine, Virent
tout étonnés, comme on se l'imagine, Deux petits poissons d'or, nageant
dans la piscine.
"Les poissons"
Aquarelle de Renée Clerc
http://www.le-monde-de-renee.com
Renée Jeanne Mignard
***Magnifique***
(Accrostiche)
Pastel de Jean
Geeraert
Mille et mille clous d'or frémissent dans
l'azur
Avant l'enchantement des célestes
clartés. Grisant est notre émoi, et toujours aussi
pur, Notre émerveillement
devant tant de beautés.
Ineffable
splendeur de la voûte étoilée,
Féérique décor au
regard ébloui,
Ivresse des
lointains toujours inégalée,
Que de trésors
offerts aux chantres de la nuit.
Une étoile
filante a sombré dans le ciel.
En cet instant
une âme a rejoint l'éternel.
Pastel de Jean Geeraert
Renée Jeanne Mignard
***Le Sentier***
"Sentier sur
l'Indre" photo de Pierre Coutreau
http://pierre.coutreau.free.fr
Je
connais un sentier, au bord de la rivière, Que seule chaque jour je
parcours en rêvant. Ce matin le brouillard couvre la
roselière. L’hiver est de retour, l’oiseau l’a dit au
vent.
Le
site est calme et doux, ici pas d’idées folles. L’Indre y coule
sereine, indifférente à nous. Un sandre quelquefois y fait ses
cabrioles. L’onde s’agite un brin, quelques rides, c’est
tout.
Quand
le temps est au bleu, tout le long de la rive, Le noble peuplier
peint dans l’eau son reflet. Canards et poules d’eau voguent à la
dérive. Quel charme pour les yeux, que ce tableau me
plaît.
Au
miroir qui flamboie quand le couchant s’enflamme, Mouettes et courlis
s’abreuvent chaque soir. Une barque sommeille, il n’y a qu’une
rame. Un seul pêcheur je crois la fera se
mouvoir.
Je
connais tout de toi, mon sentier solitude. Je sais tes aubes d’or, tes
pleurs, tes chants d’oiseaux. Ce sentiment de paix et de
béatitude Quand la brise de mai caresse les
roseaux.
Promenade du cœur, balade familière Que je fais
en rêvant, sans témoins, chaque jour. Le brouillard ce matin couvre la
roselière. L’oiseau l’a dit au vent. L’hiver est de
retour.
"Limousin" aquarelle
de Jean-Claude Papeix
http://papeix.free.fr
Renée
Jeanne Mignard
***Haïkus d’hiver***
"Vive la
neige" huile de Rose Levesque
www.rose-levesque.com
l’eau
de la rivière est amoureuse du vent qui lui fait la
bise
frimas de décembre le pinson ne chante
plus il a froid au bec
fais
une flambée on va griller des marrons dans la poêle à
trous
le
ruisseau gelé va servir de patinoire au canard du
coin
aux
branches du houx le gel a mis un collier de perles de
pluie.
bonhomme de neige a les pieds dans la
gadoue et la goutte au nez
rose
de noël pétales de porcelaine sur napperon
blanc
le
sapin est triste il s’est fait enguirlander et il a les
boules
messe
de minuit le clocher tinte la joie à toute
volée
plus
long est le jour plus éloquent le pinson bientôt le
printemps
"Mon jardin sous la
neige"
Photo de Renée Jeanne Mignard
Renée
Jeanne Mignard
***Souvenance***
"Innocence"
Aquarelle de Dominique Bonavita
http://d.bonavita.creations.site.voila.fr
La
maison de l’aïeul au vallon se blottit. Le seuil en est ouvert, le jour
comme la nuit.
L’odeur du lavandin et du bois bien ciré Vous
pénètre dès lors que vous êtes entré. Dans la salle à manger les deux
grands vaisseliers, Garnis de plats de cuivre et de vieux
chandeliers Brillant de mille feux quand le soleil trépasse, Trônent
contre le mur, à la meilleure place.
La
pendule comtoise, au balancier muet N’égrène plus le temps, et
l’antique rouet, Abandonné là-bas, auprès de la fenêtre Attend la
jolie main qui certain jour, peut-être, Filera la quenouille accrochée
à son bois, Et qu’il y a longtemps, pour la dernière fois, L’aïeule
aux yeux si doux, silencieuse et fière, Tournait durant des jours
sur la dalle de pierre
La
chambre, volets clos, à l’étage au-dessus. Le lit de cuivre blond, les
édredons ventrus, La table de toilette et son pot de faïence, Le
portrait des anciens figés dans le silence, Troublé par la
chanson des mésanges dehors. Et plus haut le grenier, avec
tous ses trésors. Poupée martyrisée, pantin raccommodé, Cage vide
d’oiseau, abat-jour démodé, Coffre rempli d’atours, de robes, de
dentelles, Qui habillaient jadis de gentes demoiselles, Bouquets de
fleurs séchées, et livres de prières, Un vrai grenier enfin, avec tous
ses mystères.
Tout
en redescendant l'escalier trop étroit Qu'on ne gravira plus, tout au
moins on le croit, Il vous revient au cœur une autre souvenance
; Les gestes maladroits de la petite enfance, Le baiser sur le front
quand vous étiez couché, Le visage inquiet sur votre lit penché, Le
tic tac régulier de la vieille pendule, L’orage qui grondait, cette
peur ridicule. Rien ne subsiste plus de ce bonheur parfait, Que l’on
n’aura jamais oublié tout à fait.
La
maison de l’aïeul au vallon se blottit, Le seuil en est ouvert, le jour
comme la nuit.
"Salon
Provençal" Diorama de Dominique Bonavita
http://d.bonavita.creations.site.voila.fr
Renée
Jeanne Mignard
***Rondeau à l’hiver***
"Neige" aquarelle de
Béa
www.jardindebea.be
L’hiver est là, le ciel s’enrhume. Sous son
épais châle de brume, La campagne fait le gros dos. Tombera la neige
bientôt, Voltigeant dans l’air comme
plume.
Sur
le toit la cheminée fume Et la bûche qui se consume Rougit l’âtre
depuis tantôt. L’hiver est là.
Pour
l’heure, ainsi que de coutume, Il faut que la lampe j’allume. Ne
l’éteindrai pas de sitôt. Adieu, sans plus dire un seul mot, Je vais
aller soigner mon rhume L’hiver est là.
"Le dégel" huile de
Rose Levesque
www.rose-levesque.com
Renée Jeanne Mignar
***Sonnet au bel Amour***
"Amour" oeuvre de
Marie-Claire
http://clairimage.ns5-wistee.fr
Viens
plus près, mon amour, viens, aimons-nous encore. Derrière
les volets, le jour à peine a lui. Viens couvrir de baisers
mon corps épanoui, Au feu bien plus ardent que celui de
l’aurore.
Je
t’aime à cœur perdu, que dis-je, je t’adore, Ma vie privée de toi ne
serait plus qu’ennui. Tu partiras pourtant, je le sais
aujourd’hui, Vers un autre horizon, un ailleurs que
j’ignore.
Mais
tant que je serai captive dans tes bras, Tant que tu seras là, tant
que tu me diras, Ne pense plus qu’à nous, je t’aime sans
problème,
Je
t’imaginerai, amoureux éperdu, Me désirant toujours, comme ce matin
même, Cher toi, le bel amour si longtemps
attendu.
"Temple de
l'Amour" huile au couteau d'Emile Wouters http://users.swing.be/aquabel/
Renée
Jeanne Mignard
*** Paresse ***
"Pour
paresser" photo de Renée Jeanne
Le
ciel est menaçant, le baromètre en berne. Les feuilles du bouleau s’en
vont vers leur destin. Mini-soleil voilé, dans le petit jour
terne, Le globe de la rue luit encor ce matin.
De
gros nuages gris ont fait pleurer la rose, Si bas qu’on les dirait à
portée de la main. Journée sans embellie, paysage morose, La météo
prévoit ce temps jusqu’à demain.
C’est
le moment rêvé pour couper le portable, Sans rendez-vous prévus, sans
horaire établi, Pour paresser enfin sans se sentir coupable. La
grisaille du temps, quel meilleur alibi…
Oublier tout un jour orages, violence, Vivre en
marge de tout, loin du monde et de lui, Assouvir sans témoin ce besoin
de silence Si pesant quelquefois, si léger
aujourd’hui.
Savourer à loisir l’exquise solitude, N’avoir
rien à penser, ni rien à recevoir. Calme plat de l’esprit, douce
béatitude, Quiétude du cœur si prompt à
s’émouvoir.
Si
d’aventure, ami, du paisible ermitage, Vos pas toujours pressés
empruntent le chemin, Sur la porte d’entrée, vous lirez ce
message, « Pas visible ce jour, à vous revoir demain
».
"Devant la flambée"
photo de Renée Jeanne
Renée
Jeanne Mignard
D'autres Oeuvres
"50 roses" photo de Renée
Jeanne
"Nostalgie" Aquarelle
d'Irène Gendron
www.cirda.com
"Enfant" Aquarelle de
Béa
www.jardindebea.be
"Venise" Aquarelle de Jean-Claude
Papeix
papeix.free.fr/
Ma reconnaissance et mes vifs remerciements à mes
amis(es) peintres et photographes, qui me permettent d'enjoliver mes
poèmes avec leurs oeuvres... A toutes et à tous, mes meilleurs voeux pour
une belle et heureuse année.
La musique qui accompagne cette page est *Source
d'Amour* de Michel Pépé:
www.michelpepe.com
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