J’aime entendre au printemps les pleurs de la
fontaine,
Les trilles de l’oiseau à peine réveillé,
Le babil d’un enfant encor ensommeillé,
Les longs soupirs du vent courant la
prétentaine.
J’aime au cœur de l’été voir danser dans la
plaine,
Les épis des moissons au coeur ensoleillé,
Un visage d’enfant de mûres barbouillé,
Le vol des étourneaux quand le raisin s’égraine.
J’aime la brume au soir quand les feuilles
d’automne,
Légers papillons d’or que la vie abandonne
Chutant sur le gazon crépitent sous mes pas.
J’aime la neige au bois, douillette sépulture,
Les frimas de l’hiver qui va vers son trépas.
J’aime tous des trésors de Madame Nature.
Renée Jeanne Mignard
Peinture de Hildegarde Carle
Il ne chante plus la moisson promise.
Nul ne se soucie de son sort cruel.
Ses ailes blessées, tordues par la brise
Servent de perchoirs aux oiseaux du ciel.
Dans un trou du toit niche la corneille.
Les volets disjoints claquent à tout vent.
Le croqueur de grains, qui faisait merveille,
Au fil des années se meurt lentement.
Du temps qu’il vivait, au loin, dans la plaine,
Les épis dorés dansaient au soleil,
Et le très vaillant, sans reprendre haleine,
Pas un seul instant n’était en sommeil.
Qu’elle était jolie, la jeune meunière,
Qu’ils étaient joyeux, les ris du meunier
Se mêlant au doux chant de la rivière
Et de la colombe en son pigeonnier.
A son corps meurtri la ronce s’accroche.
Ses ailes brisées se plaignent en vain.
Témoin de son temps, émouvant reproche,
Ce n’est qu’un moulin, un très vieux moulin.
Renée Jeanne Mignard
Photo de Annick Trebern-Etienne
Le temps s’est assagi après ce gros orage. La grisaille du ciel s’en est allée ailleurs. Un rayon de soleil a percé les nuages. Vois, déjà l’arc-en-ciel nous offre sa splendeur.
C’est l’écharpe d’Iris, la dive messagère, Qui apportait aux Dieux les nouvelles du temps. Antique météo qui ne se trompait guère. La nôtre, avouons-le, ne peut en dire autant.
Le rose boit encor les larmes de la pluie. Un nuage s’endort à l’horizon vermeil. Miracle quotidien, chaude source de vie, Voilà qu’au firmament éclate le soleil.
Adieu, bel arc-en-ciel, offrande sans pareille, Douce fresque céleste aux suaves couleurs. A te revoir bientôt, étonnante merveille Pour éblouir nos yeux et réjouir nos cœurs.
Renée Jeanne Mignard
Il n’y a ce matin pas un souffle de vent.
Pas un nuage au ciel, le fond de l’air est doux.
Je suis venue m’asseoir sur la plage en rêvant.
La plage n’est qu’à moi, à moi seule, sans vous.
La vague en écumant vient caresser la grève,
Baigne le sable fin au gré du flot changeant.
Les premiers feux de joie du soleil qui se lève
Scintillent sur la mer en paillettes d’argent.
La mer, si fascinante au regard qui se donne,
Voluptueusement berce ses îles d’or,
Capture l’arc-en-ciel que l’orage abandonne,
La mer sans ses voiliers qui reposent au port.
Dans les pins alentour s’agitent les cigales,
Tambourinant gaîment dès le matin levé.
Folklore du midi, chanteuses provençales,
Sans elles le décor serait inachevé.
L’intense odeur des pins enivrante, obsédante,
Chavire notre cœur mieux que vin capiteux.
L’arbre pin noble et beau sous la chaleur
ardente
Se dresse fièrement au plaisir de nos yeux.
Au loin quelques voiliers ornent le paysage.
Le ciel est au grand bleu comme vos yeux si
doux.
Je vais courir vers vous qui venez sur la plage,
Me jeter dans vos bras. Je m’ennuyais sans vous.
Renée Jeanne Mignard
Je sais non loin d’ici, derrière un beau
château,
Un petit bois charmant, rempli de chants
d’oiseaux.
Les autos, les motos ne le fréquentent pas,
Et c’est là le matin que je conduis mes pas.
Il y fait bon marcher, et les feuilles rouillées
Tombées après l’été sur la terre mouillée
Ont recouvert le sol d’une moquette d’or.
C’est le calme absolu, et l’étang qui s’endort
Sous la lumière bleue d’un matin sans soleil
A pour moi, je l’avoue, un charme sans pareil.
Lorsque l’hiver enfin a bouclé son bagage
Et que le doux printemps de nouveau emménage,
Les arbres reverdis, les chênes, les bouleaux
Offrent des abris sûrs aux petits des oiseaux.
Puis, quand l’été revient, si tant est qu’on le
veuille,
Il fait bon rêvasser sous la voûte des feuilles.
Mais quoique l’on me dise, ou quoique l’on me
donne,
Le temps que je préfère est celui de l’automne,
Car dans tous les sentiers que je connais par
cœur,
Le petit bois alors éclate de couleurs.
Et quand aux jours d’hiver s’engourdit la
nature,
Que les feuilles blessées gagnent leur
sépulture,
Le petit bois s’endort sur le rythme du temps,
Pour cacher ses trésors jusqu’au prochain
printemps.
Mais je n’ai jamais eu l’insigne privilège
De le voir à Noël sous un manteau de neige.
Je sais non loin d’ici, derrière un beau
château,
Un petit bois charmant, rempli de chants
d’oiseaux.
Aquarelle de Josèphe
Gravier
Renée Jeanne Mignard
On aperçoit de loin, dans la campagne sage,
Ses maisons ardoisées parmi les chants de blé.
On y goûte à loisir, dans un doux paysage,
Un silence profond, que rien ne vient troubler.
Si ce n’est le matin, à la pointe du jour,
Alors qu’aux alentours déjà fume la plaine,
L’appel aigu d’un coq dans une basse-cour,
L’aboi rageur d’un chien qui tire sur sa chaîne.
On n’y voit pas d’enfants jouant à la marelle.
Ils ont tous déserté, l’école était trop loin.
Pourtant, au temps jadis, marchant en
ribambelle,
Ils s’en allaient gaîment tout le long des
chemins.
Cartable sur le dos, le goûter dans la poche,
Ils cueillaient la prunelle ou le coquelicot.
L’hiver comme l’été, le bruit de leurs galoches
Du village endormi réveillait les échos.
Ne cherchez pas le nom du hameau sur les guides.
Depuis bien trop longtemps il vivote à l’écart.
Si vous vous égarez, vous devrez tourner bride,
Le chemin caillouteux ne mène nulle part.
La venue du facteur rompt la monotonie.
ll s’arrête un moment pour bavarder un peu.
Le vendeur ambulant, marchand de fantaisie
Propose ses trésors, simples et peu coûteux.
Au début de l’hiver, tout le hameau s’anime.
On accroche du houx aux portes des maisons.
On fête la Noël d’un élan unanime.
Pour ne plus se revoir qu’à la belle saison.
Lorsque le soir descend sur la campagne sage,
Le hameau fait sommeil parmi les champs de blé.
Pour goûter à loisir, dans ce doux paysage,
Un silence profond que rien ne vient troubler.
Je connais un sentier, au bord de la rivière, Que seule chaque jour je parcours en rêvant. Ce matin le brouillard couvre la roselière. L’automne est de retour, l’oiseau l’a dit au vent.
Le site est calme et doux, ici pas d’idées folles. L’Indre y coule sereine, indifférente à nous. Un sandre quelquefois y fait ses cabrioles. L’onde s’agite un brin, quelques rides, c’est tout.
Quand le temps est au bleu, tout le long de la rive, L’orme, le peuplier peint dans l’eau son reflet. Canards et poules d’eau voguent à la dérive. Quel charme pour les yeux, que ce tableau me plaît.
Au miroir qui flamboie quand le couchant s’enflamme, Mouettes et courlis s’abreuvent chaque soir. Une barque sommeille. Il n’y a qu’une rame. Un seul pêcheur je crois la fera se mouvoir.
Je connais tout de toi, mon sentier solitude. Je sais tes aubes d’or, tes pleurs, tes chants d’oiseaux. Ce sentiment de paix et de béatitude Quand la brise de mai caresse les roseaux.
Promenade du cœur, balade familière Que je fais en rêvant, sans témoins, chaque jour. Le brouillard ce matin couvre la roselière. L’oiseau l’a dit au vent. L’automne est de retour.
Renée Jeanne Mignard
"Justement ça" - Oeuvre de André Julien -
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