*Ambiance*
A moins sept ce matin, le
thermomètre tousse. Un petit vent mauvais vous transperce,
vous pousse, Sitôt que vous osez mettre le nez
dehors. Décembre, tout à coup, a changé le
décor.
Le givre scintillant a
recouvert la treille. Elle ne chante plus la fontaine aux
abeilles. La pelouse est gelée et craque à chaque
pas. Les grands arbres noircis lèvent au ciel leurs
bras Comme pour implorer la grâce
souveraine. Les oiseaux attristés par l’attaque
soudaine, Avares de leur chant dans le petit jour
gris, Auront bien de la peine à trouver un
abri.
Rare est le promeneur dans
les rues du canton. C’est bien emmitouflés des pieds
jusqu’au menton Que les plus courageux vont braver la
froidure, Maudissant la rigueur de Madame
Nature,
Laquelle réjouit l’amateur
forcené, Qui sitôt son lever, l’œil pleureur, goutte au
nez, Photographie sans fin la cité
enneigée. Ah ! Qu’il les reverra ces images
figées.
Devant tout un chacun il
dira chaque fois : Je n’avais de ma vie jamais eu aussi
froid! Même cet hiver où…même cet hiver
là! Et les jours passeront, et l’été sera
là. Il fera en juillet une chaleur énorme, Qui
comme chaque année dépassera les normes. Et nous dirons
alors, en brassant un peu l’air:
"Ah!
Ciel! Quelle
chaleur! Ah! Vivement l’hiver!"
Renée
Jeanne Mignard
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*Étrange*
Cette année, contre
toute attente, L’hiver n’est pas au
rendez-vous. Douceur d’automne et pluie
battante, Notre hiver est devenu
fou!
Pourtant on aurait pu
s’attendre Aux frimas, aux ruisseaux gelés. Décembre
n’a pas le cœur tendre Quand le soleil s’est
exilé.
Au lieu de ça, d’humeur
égale, Le thermomètre monte encor. Si les plus
frileux se régalent, C’est dommage pour le
décor.
Pas le moindre flocon de
neige Et pas de givre sur les toits. Nous
n’aurons pas le privilège D’un Noël blanc comme
autrefois.
Que de batailles
mémorables Nous avons gagnées, toi et
moi, Quand les jolies boules friables Bien
pétries, rougissaient nos
doigts.
Chaque étrangeté a son
prix. Janvier qui s’adoucit soudain Est léger pour les
sans-abri Et clément pour ceux qui ont
faim. Ne cédons pas à la
critique Si de saison, il n’y a pas. En se
montrant moins tyrannique, L’hiver n’est pas si fou que
ça!
Renée
Jeanne Mignard
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*Caprice*
La
neige cette nuit a blanchi la colline Où nous allions jadis
cueillir le romarin. Elle couvre les toits, les sentes, les
ravines, Les bateaux endormis au petit port
marin.
Caprice
de l’hiver, étonnante merveille, Douce offrande du ciel que
pas un n’attendait. Le villageois surpris qui soudain se
réveille, Tremble d’émotion en ouvrant ses
volets.
Jamais
il n’a connu telle métamorphose. Au pays du soleil rares
sont les frimas. Une couche nacrée couvre les
lauriers-roses, Revêt d’un châle blanc les fleurs des
mimosas.
La
plage, abandonnée aux oiseaux de décembre, Mêle son sable
blond aux cristaux opalins. A quelques pas de là, du côté
des Issambres , Le clocher
sonne gai dans l’air frais du
matin.
La neige à l’infini ouate le
paysage. Pour garder dans nos cœurs ces instants
précieux, Allons sur les remparts de notre beau
village, Contempler ce miracle, et nous emplir les
yeux.
Renée
Jeanne Mignard
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*Jours de Fêtes*
La cité
resplendit en cette fin d’année. La grand-rue s’est parée de
superbes décors. Place de la mairie, le soir
illuminée, Se dresse le sapin, vêtu de pourpre et
d’or.
Il
n’est pas un balcon, pas une devanture Qui ne fasse peau
neuve en ces jours merveilleux. Les vitrines ont mis leurs
plus belles parures, Que l’enfant ébloui va dévorer des
yeux.
Aux
portes des maisons s’accrochent les couronnes. C’est un rite
obligé, la coutume le veut. A l’église là-bas, le
clocher carillonne, Ajoutant à la joie de ces moments
heureux.
Bras chargés de cadeaux, la
mine épanouie, Les badauds affairés marchent à pas
pressés. Puis ils s’en vont quérir, en longues
théories, La bûche de Noël et les marrons
glacés.
Dans un grand vent d’amour
la fête nous entraîne. Qu’importe si l’hiver impose sa
rigueur. Cette trêve bénie nous fait l’humeur
sereine, On aime tout le monde, et l’on a chaud au
cœur.
Dans quelque temps d’ici,
les flonflons, les surprises, Ne seront plus pour nous que
tendre souvenir. Pour l’heure, bonnes gens, souffrez que je
vous dise, Avec mes meilleurs vœux,
Bonne Année à
venir.
Renée
Jeanne Mignard
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