***Spéciale
Automnale***
*Automnale*
L’été s’en est allé aux dernières
vendanges. Chaque soir le soleil se meurt un peu plus tôt. Le bleu
du ciel pâlit. Le merle et la mésange Ont déjà déserté la fontaine aux
oiseaux.
Le grand chêne attristé laisse
pleurer ses feuilles Que le vent plus hardi conduit à leur
trépas. Elles ont recouvert le sol qui les recueille D’un tapis
mordoré qui craque sous les
pas.
L’abeille ne boit plus au calice
des roses. Le papillon de mai ne s’éveillera pas. Le jardin fatigué
paresse, se repose, Avant que d’affronter décembre et ses frimas.
L’hirondelle a rejoint des aurores
lointaines. La fumée, sur le toit, danse au rythme du vent. Quand la
brume du soir emprisonne la plaine, Le vol des souvenirs s’alanguit
doucement.
Renée
Jeanne Mignard
*Orage*
Au sein de la naissante
aurore, Alors que l’oiseau engourdi
Ne vocalise pas encore, Un coup de tonnerre
assourdi Résonne dans la maison vide. Un
éclair a flambé soudain. Embrasement du ciel
livide, Ruissellement d’or au
jardin.
L’orage a présent se
rapproche. La pluie crépite sur le toit. Et
dans la forêt toute proche, La mésange reste sans
voix. Le lièvre se terre en son
gîte. L’écureuil s’éveille en sursaut, Giflé
par le vent qui agite Les branches vives du
bouleau.
Le vent fou qui hurle sa
peine, Époux trop fougueux de la pluie Qui
tourbillonne et se déchaîne, Frappant la rose à
l’agonie.
Puis tout à coup le grand
silence. Un merle sur l’herbe du pré, Les
nuages gris en partance, Le soleil à l’est
empourpré.
Le meilleur, le pire en
partage, C’est l’image de notre vie. Que de
tempêtes, que d’orages,! Mais que de douces
embellies!
Renée Jeanne
Mignard
*Avant L'Hiver*
Elles ont pris leur vol, nos amies
hirondelles. En septembre, un matin, fuyant à tire d'ailes Les
matins nuageux, la pluie et le grand vent, Elles s'en sont allées
vers un ciel plus clément. Elles n'auront pas vu le grand ballet des
feuilles. Le raisin mordoré qu'à la vigne l'on cueille. Les groupes
colorés des joyeux vendangeurs, Apportant au pressoir le fruit de leur
labeur.
Le jardin défleuri regrettant ses rosiers Que les
dernières pluies viennent de dépouiller. Au coeur du petit bois, où je
marche souvent, Les grands arbres penchés, torturés par le vent. Les
feuilles rouge sang de la vigne sauvage. La rivière embrumée dans le
gris paysage. La campagne endormie qui nous fait le gros dos A
l'heure où chaque soir on tire les rideaux.
Derrière les volets, juste avant la veillée, La grande
flaque d'or de la lampe allumée. N'ont pas senti non plus l'odeur des
feux de bois, La légère fumée tournoyant sur les toits. Dans la
grande forêt les magiques couleurs Qui nous font de l'automne admirer
les splendeurs. Tout ce que nous voyons, tout ce que nous
sentons Quand arrive à grands pas la mauvaise
saison.
Et pendant de longs mois, de Toussaint à Carême
Un peu sevrés bien sûr, de tout ce que l'on aime,
Le soleil, le grand jour, les marches au grand air
Nous nous soumettrons tous aux rigueurs de l'hiver.
Mais dès le mois d'avril, quand le premier
bourgeon Fera
craquer l'ourlet de son corsage blond, Nous guetterons au ciel ce
miracle vivant, La première hirondelle annonçant le
printemps.
Renée Jeanne
Mignard
* Mélancolie*
Qu'il est doux de rêver, fenêtres, portes
closes, Quand le vent furieux se déchaîne au dehors, Que l'automne
apaisant voit se faner les roses, Que l'arbre dans le bois se vêt de
pourpre et d'or.
Dans l'âtre qui rougeoie la bûche
s'étincelle. Près de la cheminée, le fauteuil vide attend. En extase
devant le berceau balancelle, La mère va chanter la berceuse à
l'enfant.
Le chat s'est étiré. Dans son regard
étrange S'attardent les reflets des flammes du foyer. La fontaine
aux oiseaux, privée de ses mésanges, Sanglote doucement à l'ombre du
noyer.
Sur le toit une colombe Pleure l'été qui
s'enfuit, Alors que le soir
succombe Aux vertiges de la
nuit.
Instant délicieux où le coeur se
repose, Où l'esprit s'alanguit, où le corps n'a plus faim. Qu'il est
doux de rêver, fenêtres portes closes, Quand l'orage dehors se déchaîne
soudain.
Nous n'irons plus au bois des roses
Cueillir les fleurs à peine écloses En nous tenant tous par la
main. Nous n'irons pas au bois
demain.
Renée Jeanne Mignard
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Musique: Verone midi
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