SPÉCIALE OISEAUX

 Les Hirondelles

 

 

Quand la terre a donné le sang de ses vendanges, 
Quand dans l’âtre déjà s’enflamment les sarments,
L’hirondelle s’enfuit vers des lointains étranges
Pour vivre deux saisons sous des cieux plus cléments.

Au déclin de l’été, avant le grand voyage,
Elle avait chaque jour rendez-vous sur les fils.
Romantique tableau en plein cœur du village
Qu’elle avait retrouvé au début de l’avril.

Elle est du renouveau messagère fidèle.
Son retour dit enfin notre adieu à l’hiver.
Pour revenir vers nous, volant à tire-d’aile,
Elle a dû survoler océans et déserts.

Dans le creux d’un chevron, un coin de cheminée,
La fente d’un vieux mur, elle a construit son nid.
Le garde en sa mémoire, y revient chaque année
Pour y pondre ses œufs et nourrir ses petits.

Aronde en noir et blanc, poétique compagne,
J’aime ton gazouillis,  ton habit de gala.
Ton vol rapide et sûr, animant la campagne,
De ce mouvant ballet, je ne me lasse pas.

Sans toi l’or de l’automne a pour nous moins de charme.
Ton départ nous émeut,  qui nous fait regretter
Ta ronde au ras des toits quand le ciel est en larmes,
Ton envol gracieux dans le bleu de l’été.

Reviendra le printemps, reviendra l’hirondelle,
Elle survolera océans et déserts.
Promesse des beaux jours, messagère éternelle,
A son retour enfin, nous oublierons l’hiver.

 

Renée Jeanne Mignard   

 

L'enfant

 

Aquarelle de JOSÈPHE GRAVIER: http://site.voila.fr/josephe.gravier

 

Dis, Maman, que dit l'hirondelle
Gazouillant dans le ciel clair?
Elle dit la sève nouvelle
Et le trépas de l'hiver.

Dis, Maman, que dit l'alouette
Qui grisolle sa chanson?
Elle dit que la terre est prête
Pour le retour des moissons.

Dis, Maman, que dit la pigeonne
Qui roucoule sur le toit?
Elle dit que s'en vient l'automne
Et qu'il faut couper le bois.

Dis, Maman, que dit la hulotte
Qui la nuit ne s'endort pas?
Elle dit que chaussant ses bottes,
L'hiver avance à grands pas.

Dis, Maman, que dit la mésange
Qui ramage sur l'ormeau?
Elle dit que ce monde étrange
N'a jamais été plus beau. 

Dis, Maman, que dit la colombe
Qui ne cesse de gémir?
Elle dit....que le serein tombe
Et qu'il est temps de dormir

 

Renée Jeanne Mignard

 

L'oiseau Bleu

 

 

Sous le soleil doré d'un beau jour de printemps,
Par une matinée empreinte de douceur,
Sur la branche élevée d'un arbre renaissant,
Un petit oiseau bleu chantait de tout son coeur.
Il chantait sans raison, pour la joie d'être là,
La joie d'être vivant sous le beau soleil blond.
Et tout à son bonheur, il oubliait déjà
Que l'hiver cette année avait été bien long.

Rien ne venait troubler l'aubade printanière,
On eût dit que le temps jouait à s'arrêter.
Et le bel emplumé, sur l'arbre centenaire,
Pas même un seul moment ne cessait de chanter.
Soudain des cris d'enfants vrillèrent les échos,
Et sur l'herbe du bois il en vint tout un groupe,
Riant, se chamaillant et faisant mille sauts,
Pour la plus grande joie de la petite troupe.

Notre petit ami, sans doute un peu surpris
Interrompit son chant pendant quelques instants.
Puis vite rassuré, de plus belle il reprit
Son charmant gazouillis encor plus fort qu'avant.
C'est alors qu'un bambin, levant un peu les yeux
Vit le petit chanteur en haut de son perchoir.
D'un coup de lance-pierres il tua l'oiseau bleu
Qui tout ensanglanté sur l'herbe s'en vint choir.

Puis l'enfant sans penser à ce qu'il avait fait
Rejoignit ses amis pour prolonger la ronde.
A quelques pas de là celui qui regardait
Ressentit en son coeur tout le chagrin du monde.
Il prit le petit corps inerte dans sa main,
Et  sans faire de bruit, presque comme un voleur,
Il alla faire un trou au fond de son jardin,
Et déposa l'oiseau sous un buisson de fleurs.

Puis il rentra chez lui pour attendre l'enfant.
Il y a un instant, par ce matin douceur,
Sur la branche élevée d'un arbre renaissant,
Un petit oiseau bleu chantait de tout son coeur.

 

Renée Jeanne Mignard

 

Tourterelle

 

 

Ma gentille tourterelle,
J’aimerais savoir pourquoi
Quand revient l’aube nouvelle
Tu roucoules sur le toit.
Vois l’érable qui se penche,
Ouvre ses bras pour t’offrir
L’abri de ses hautes branches
Où tu pourrais te blottir.

Tu as gémi dès l’aurore,
M’arrachant à mon sommeil.
J’aurais pu rêver encore
Jusqu’au lever du soleil.
Mais tu redoubles de zèle,
Me fais le cœur palpitant.
Inlassable tourterelle,
Te tairas-tu un instant ?

Déjà les oiseaux s’agitent
Dans les grands chênes du bois.
A les rejoindre ils t’invitent,
Mais tu restes sur le toit
A roucouler de plus belle
Ton aubade au jour naissant.
Mais ton ramage, ma belle,
Est par trop envahissant.

Sans toi tout serait silence,
Douce paix, bonheur discret,
Dons du ciel que l’existence
Ne dispense qu’à regret.
Bien que tu ne me délivres
De tes lancinants accords,
Tu chantes ta joie de vivre,
Je ne puis qu’être d’accord.

Chantez donc, mes toutes belles,
Puisque maintenant je crois
Qu’il y a deux tourterelles
Qui roucoulent sur mon toit.

 

Renée Jeanne Mignard

 

Guillaume en Hiver

 

 

Un mignon rouge-gorge, hôte de mon jardin,
Sur le sapin frileux revient chaque matin.
Par ces temps de brouillard, de brumes, de froidure,
Il lui est malaisé de trouver sa pâture.

La saison des frimas le voit fort démuni.
J’ai fait ce qu’il fallait. J’ai installé pour lui,
Aux branches du sapin, vers la haie des cyprès,
Un buffet de plein air. Tout y est toujours prêt.

Quand arrive pour lui l’heure de la pitance,
Mangeoire bien garnie, il peut faire bombance,
Chassant à coups de bec les moineaux importuns,
Qui veulent avec lui partager le festin.
Pour trouver son prénom, la quête me fut chère,
Car je lui ai donné celui d’Apollinaire.

Derrière le rideau je l’observe souvent,
Immobile, cachée. Le moindre mouvement
Le fait fuir aussitôt sur un arbre du bois.
Il écoute, il attend, et rassuré, je crois,
Il revient achever le succulent repas.
Et je vous garantis qu’il ne se prive pas.

A le voir se gaver, je pense tout le temps,
Comment lui si petit peut-il manger autant ?

Je profite de lui durant le temps d’hiver,
Car aux premiers bourgeons, quand tout redevient vert,
Guillaume disparaît, et pendant de longs mois,
Va hanter à nouveau les forêts et les bois.

Mais quand vers d’autres cieux fuiront les hirondelles,
Guillaume sera là, c’est sûr, toujours fidèle.
Mon bonheur sera grand de retrouver enfin,
Le mignon rouge-gorge, hôte de mon jardin.

 

Renée Jeanne Mignard

 

La Colombe

 

Création MARIE-CLAIRE:  http://clairimages.chez-alice.fr

 

Une gente colombe est venue cette nuit
Se poser doucement à côté de mon lit.
Tristes étaient ses yeux, et sa robe nacrée
Était pleine de boue, et de rouge empourprée.
Elle tenait au bec un rameau d'olivier
Qu'elle vint déposer près de mon oreiller.

"Tiens, prends-le, me dit-elle, il n'en est plus besoin.
Cette branche de paix ne signifie plus rien.
Je l'ai chérie longtemps, mais depuis quelques mois,
Elle me pèse trop, elle est lourde pour moi.
Prends, je t'en fais cadeau, fais-en ce qu'il te plaît.
Je ne veux, quant à moi, plus la revoir jamais."

Je pris le rameau vert, symbole précieux
Pour essuyer les pleurs qui coulaient de ses yeux.
"Colombe, mon amie pourquoi ce noir discours ?
Crois-tu donc que sur terre il n'y a plus d'amour ?
Que les oiseaux du ciel ne savent plus chanter,
Et que n'embaument plus les roses de l'été ?

Que l'abeille rechigne à fabriquer son miel ?
Qu'après un gros orage il n'est plus d'arc-en-ciel ?
Que le bébé qui dort dans son petit berceau
A perdu l'innocence, et n'est plus aussi beau ?
Que si l'on s'en rapporte aux fautes qu'il commet,
Le devenir de l'homme est maudit à jamais ?

Non, ne crois pas cela, ce serait un grand tort,
Car le droit d'espérer nous est donné encor.
Et même si parfois, la besogne est cruelle,
Il n'est pas encor temps de replier tes ailes."

La colombe écoutait, religieusement.
Elle me regardait. Puis au bout d'un moment,
"Grand merci, mon amie, tu m'as rendu l'espoir.
J'ai eu tort de douter, et crois-moi, dès ce soir,
Je vais aller partout offrir mes bons offices."
Puis en me souriant d'un sourire complice,
Elle vint se poser près de mon oreiller,
Et reprit dans son bec le rameau d'olivier.

Lorsqu'elle s'envola, majestueuse et fière,
A l'horizon, là-bas, une grande lumière
Apparut aussitôt dans l'espace infini,
Pour déchirer enfin les voiles de la nuit.

 

Renée Jeanne Mignard

 

 

"Coucher de soleil"

 

 http://www.bienvenue-chez-pierre.com/

Acrylique de PIERRE COUTREAU

 

"Exotisme"

 

Huile de  VALÉRIE SLIMANI

 

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La Musique de cette page est: "Dreams"

Par Margy Harrel

 

Crée avec Amour